Assise au bar, je sirotais le fond de mon téquila sunrise, regardant les gens autour de moi d'un air attentif. J'aimais bien faire ce genre de choses, m'arrêter dans un lieu quelques instants, et y regarder les gens continuer à mener leurs vies, sans se douter que quelqu'un s'attarde quelques secondes sur leur visage, ou ce qu'ils sont en train de faire. Enfin bon, même s'il était vrai que j'étais en train de regarder les gens discuter et plaisanter dans ce bar, j'étais là pour une toute autre raison qu'une simple étude de la population New Yorkaise.

A voir la façon dont les demoiselles autour de moi étaient habillées et coiffées, je faisais presque tâche dans ma tenue. Partout où je posais mon regard, j'avais l'impression que c'était décolleté à outrance, et jupe assez...suggestive. Si je n'étais pas contre le fait de me mettre en valeur, aimant plaire moi aussi, il y avait tout de même des limites que je ne dépassais pas. Maquillée d'un trait noir intense d'eye liner qui mettait mes yeux en valeur, et d'une pointe de mascara, je rejetais mes longs cheveux bruns ondulés d'un geste de la main, avant de faire tourner le liquide dans mon verre. Assise dans une robe noire simple au large bretelles froncées sous la poitrine, m'offrant un décolleté « juste ce qu'il fallait », des escarpins aux talons conséquents aux pieds, j'attendais mon rendez vous du soir, un certain Damian, que j'avais rencontré dans la boîte dans laquelle je travaillais, et qui me tournais autour depuis un petit moment déjà. Seulement voilà, appelez moi sadique si ça vous chante, mais j'avais depuis toujours l'habitude de faire patienter quelque temps mes « prétendants », comme pour tester un peu leur motivation.

Seulement, j'avais dû tester un peu trop la motivation de celui ci, puisque cela faisait près d'une demi heure qu'il aurait du être à mes côtés, et qu'il n'y avait toujours aucune trace de lui aux alentours. Soupirant, je finissais d'un trait mon verre, avant de me lever de mon tabouret, et de quitter le restaurant, une boule au creux de l'estomac. Je n'avais jamais été le genre de fille à croire au prince charmant, ou à toutes ces conneries de coup de foudre, ou je ne sais quoi d'autre. Je demeurais cependant certaine qu'à chaque personne correspondait une seule et autre personne, un seul individu capable de vous comprendre d'un simple regard, de vous faire rire lorsque vous n'avez même pas envie de sourire, une seule personne capable d'aller au bout du monde, avec et pour vous. Cette personne pouvait être un illustre inconnu, une personne que vous croisiez tous les jours sans soupçonner la place qu'elle pourrait prendre dans votre vie, un ami, un voisin, que sais je d'autre. Je n'étais pas une de ces romantiques, fleur bleu à souhait persuadée que l'amour était la réponse à tous les maux du monde, mais même si je restais effrayée devant ce que je pouvais ressentir, il n'en demeurait pas moins que je n'étais pas une de ces filles qui refusaient désespérément l'amour au point de mourir seule. Disons simplement que je ne me confiais pas au premier venu.

Et apparemment, Damian ne serait pas cette personne là. Marchant droit devant moi, tout en ruminant mes pensées, je commençais à sentir une certaine pointe de colère m'envahir, face à l'attitude de ces messieurs, leur irrespect. Beaucoup auraient pu penser que c'était simplement ma fierté qui était piquée au vif de m'être fait poser un lapin, et il y avait sans doute un peu de cela aussi, je l'admettais. On ne m'avait jamais posé de lapin jusqu'à aujourd'hui, et je devais dire que ce n'était pas une chose très agréable. Ruminant intérieurement, je n'avais pas vu le ciel, grisonnant à perte de vue, qui ne tarda pas à éclater en grosses gouttes de pluies chaudes, ruisselant sur mes bras nus. Manquait plus que ça, vraiment ! Râlant cette fois ouvertement, je me pressais le pas dans la rue, arrivant rapidement devant la porte de l'immeuble de Michael, portée naturellement par mes pas vers l'appartement de mon meilleur ami.

Trempée de la tête aux pieds, je frappais à la porte de celui ci, avant d'entrer comme une furie dans l'appartement dès que la porte fut ouverte. J'eus le temps de m'apercevoir dans le miroir de l'entrée, mes cheveux mouillés partant dans tous les sens, ma robe collée à mon corps. Bref, je n'étais pas vraiment aussi belle que j'aurais pu l'être. Balançant mes escarpins dans l'entrée sans douceur, j'avançais rapidement vers la pièce principale, connaissant cet appartement par cœur :

« -Je viens de me faire poser un lapin...un lapin, tu crois ça ? Un lapin ! Qui pose encore un lapin de nos jours, tu peux me dire ? C'est compliqué d'envoyer un message en disant « hé Léana je t'ai pris pour une quiche, pas la peine de te préparer, je viendrais pas finalement ! » »

Je commençais à faire les cent pas dans l'appartement, répandant des gouttelettes d'eau sur le parquet, m'agitant comme une fille qu'on aurait pu croire posséder, ou en proie à une grosse colère. Sauf que je n'étais, à priori, ni l'un ni l'autre. Cependant, ça ne m'empêcha pas de poursuivre, sur le même ton :

« -Tu sais quoi, j'en ai plus qu'assez de vos manies, à vous les hommes, vous êtes tous là, à prétendre chercher la fille parfaite, la fille de vos rêves, mais nan, rien n'est simple avec vous, parce que vous voulez vous casez, mais en même temps, vous voulez continuez à flirter à droite à gauche, à enchaîner les coups d'un soir, à vous faire tout ce qui bouge, à être avec une fille, mais sans être trop avec elle, parce que c'est trop ringard un gars qui ressent quelque chose, et que nous, on est des mecs, des vrais, des machos, des virils, et on connaît pas les sentiments ! Mais vous grandissez un jour, comment ça se passe dans vos têtes de mec, au juste, tu peux m'expliquer ? » concluais je, en mettant mes mains sur les hanches, le fixant droit dans les yeux.

Seulement à cet instant là, en me voyant comme ça, au milieu de son salon telle une hystérique, je me suis rendu compte que je lui faisais payer ce que d'autres pauvres types faisaient tous les jours, alors que lui clairement, n'y était pour rien à ce qui m'arrivait. Une expression radoucie sur le visage, je tentais un petit sourire, avant de me passer la main dans les cheveux maladroitement, et de me calmer :

« -Et salut au fait...tu aurais quelque chose à me prêter ? » demandais je, sur un ton beaucoup plus doux, un ton qui correspondait plus à la façon dont je m'adressais à lui d'habitude, en regardant ma robe trempée.

Prenant un visage on ne peut plus innocent, je mettais les mains derrière mon dos, le fixant du regard qu'une petite fille aurait pu faire pour obtenir un bonbon, une barbie, ou quelque chose qu'elle voulait vraiment beaucoup. Je le regardais alors, plongeant mes prunelles vertes dans ses beaux yeux bleus, expression incarnée d'un ange à qui on aurait donné le bon dieu sans confession, alors que mes yeux pétillaient de malice, comme très souvent d'ailleurs.

Je commençais à avoir froid. Vraiment vraiment froid. Mais avec toute cette colère que je ressentais, le froid n'avait aucune emprise sur moi. J'avais la chaire de poule, et je m'empressais d'ôter le gilet trempé qui me collait à la peau le temps que Michael s'éclipse du salon. Lorsqu'il en revient, je ne pus retenir le sourire qui étira mes lèvres lorsqu'il déposa une serviette sèche sur mes épaules, frottant ses mains sur celles ci pour me réchauffer plus vite. Fermant les yeux je profitais de ce petit instant, sentant lentement la chaleur procurée par la serviette, par les gestes du jeune homme me réchauffer, mais aussi par le shooter que je venais de boire, et dont le gout mentholé était encore présent sur mes lèvres.

Écoutant d'une oreille attentive Michael m'expliquer ce qu'il recherchait chez une femme, j'ouvrais finalement un œil sceptique, avant de lever les yeux au ciel. Moi qui l'avait toujours imaginé au bras d'une fille magnifique à l'esprit brillant et au caractère de feu, je venais de découvrir que lui n'aspirait pas aux mêmes choses que celles que j'avais pu penser. Il était beau, intelligent, et surprenant. L'homme parfait en somme.

"-Elle aura de la chance la nana qui arrivera à te mettre la main dessus, et à te garder suffisamment longtemps, crois moi!" dis je en lui souriant avec malice, avant d'ajouter, un peu plus énervée, "Et pour ce type, il travaille avec moi, je saurais lui rappeler l'erreur qu'il a fait ce soir!" rajoutais je avec un sourire féroce, étant une gentille fille jusqu'à ce qu'on me donne une raison de ne plus l'être, ce que ce Damian avait fait ce soir.

En tout cas, même si je ne pouvais oublier que j'avais été vexée de ne pas avoir eu droit à mon rencart de ce soir, il n'en demeurait pas moins que les paroles de mon meilleur ami me réconfortaient, mieux, me donnaient envie de sourire à nouveau. Le regardant avec ce regard malicieux et doux à la fois, je ne pus m'empêcher d'éclater tout simplement de rire suite aux paroles qu'il venait d'avoir. Lui faisant un sourire on ne peut plus innocent, je repris la parole, la tête légèrement penchée:

"-Sache que ta Léana n'est jamais très loin derrière la Léana hystérique que je deviens parfois! Et tu devrais savoir que ce n'est pas pour un garçon que je perdrais la tête!" ajoutais je en souriant toujours.

Je n'étais pas une de ces filles à me prendre la tête pour un garçon, et je pensais plutôt que New York regorgeait d'hommes plus charmants les uns que les autres. J'en avais la preuve exacte juste devant les yeux. J'acquiesçais d'un signe de tête lorsqu'il annonça que je pouvais prendre une douche si j'en avais envie. Lorsqu'il proposa que nous allions dans sa chambre chercher des vêtements qui soient susceptibles de m'aller, je refusais tout d'abord, disant que j'allais mouiller le sol du couloir, et de sa chambre. Cependant, je finis par céder, et le suivait finalement jusqu'à sa belle chambre où j'étais déjà venue plus d'une fois.

Pendant qu'il farfouillait dans son armoire, j'en profitais pour récupérer la serviette sur mes épaules, et me sécher les cheveux, pour qu'ils ne dégoulinent pas sur le sol impeccable de la pièce. Enchevêtrée sous le long tissu, tête en bas, je relevais la tête, émergeant de sous la serviette au moment où Michael prenait la parole. Lâchant la serviette, je récupérais le tee shirt qu'il venait de poser sur le lit:

"-Ton tee shirt de football! J'arrive pas à croire que tu aie garder ça! Je suis venue à tous tes matchs, j'étais ta plus grande supportrice! Tu te souviens, j'étais même venue le jour où j'avais la grippe, et près de 40 de fièvre, et ma mère et toi vous vouliez que je rentre me coucher, et moi j'étais là, pâle comme un linge, avec mon p'tit écriteau "Allez Stones, t'es le meilleur!". J'ai mis trois jours à m'en remettre, mais j'en garde un bon souvenir. Ah, et je me rappelle de cette pimbêche de pompom girl qui te faisait toujours de l’œil, et qui arrêtait pas de me lancer de ces regards noirs, Mary, Maria, Marian, quelque chose comme ça. Elle était persuadée qu'on était ensemble. Faut dire, je crois que tout le monde l'était. Enfin, je reste convaincue que tu as dû coucher avec elle. A chaque fois qu'elle passait à côté de moi après ce fameux match, elle avait un regard qui disait "ah ah, il est plus seulement à toi maintenant!" Enfin bon, faut dire qu'avec la nuée de fans que t'avais, tu avais largement de quoi faire...c'était pas trop dur d'être le type le plus sexy de l'équipe?" ajoutais je malicieusement, faisant glisser mon regard du tee shirt vers mon meilleur ami, qui fouillait toujours dans son armoire.

Finalement, je le rejoignais devant le meuble, y regardant les mêmes choses que lui, amusée de ce qui s'y trouvait.

"-Hé! Mais c'est mon short ça! Depuis quand il est là?" demandais je, m'emparant d'un short noir que j'avais du chercher dans mon loft pendant de longues semaines, pensant que Reagan avait mis la main dessus. "-Ah bah oui! Le weekend à San Francisco! J'avais rangé mes affaires avec les tiennes, c'est là qu'il a du se perdre. Attend, je reviens!"

M'éclipsant dans la salle de bain, j'y prenais une douche chaude rapide, avant d'enfiler le large tee shirt de Michael, qui m'allait au moins trois fois trop grand, et qui me tombait vers le milieu de la cuisse, puis j'enfilais ensuite mon short qui dépassait à peine du long vêtement de mon meilleur ami. Pieds nus, je rejoignais ensuite la chambre une nouvelle fois, laissant ma robe dans la salle de bain, la faisant sécher contre le radiateur.
Une fois dans la chambre, je sautais comme une gamine sur lit, un grand sourire sur le visage, avant de m'installer en plein milieu, et de croiser les jambes en tailleur. Je fixais ensuite Michael, demandant amusée:

"-Alors, quels autres trésors as tu trouvé dans l'antre de ton armoire? Des lingots d'or? Des photos compromettantes? Des magasines cochons?"

Je jouais avec une mèche de cheveux alors que je fixais le jeune homme, en attente de sa réponse, les yeux pétillants de malice.

De retour dans la chambre, je souriais en entendant Michael répondre à tout ce que je venais de lui dire, alors qu'il fouillait encore dans ses affaires.

« -John...je l'avais déjà oublié lui. Je me demande ce qu'il est devenu d'ailleurs. Toute la came qu'il a du prendre dans sa vie a du finir par lui griller le cerveau je pense. Et pour ton information personnelle...je ne bave pas Michael ! Et je ne ronfles pas non plus ! » dis je, en lui balançant un oreiller à la tête, avant de me rasseoir tranquillement.

Assise en tailleur sur le lit je regardais mon meilleur ami, de dos, alors qu'il farfouillait toujours dans l'armoire :

« -Tu veux rire ? La moitié des joueurs de ton équipe étaient en train de se foutre de moi parce que j'avais l'air d'un bibendum avec les cinq couches de fringues que j'avais sur le dos. J'avais une énorme écharpe, celle que tu m'avais offerte pour Noël, tu te souviens ? Et avec mon bonnet, y'avait que mes yeux qui dépassaient de tout cet enchevêtrement de fringues, c'était assez marrant. Ma mère a fait une photo ce jour là, et elle la ressortait à chaque nouveau repas de famille ! » ajoutais je, d'un ton beaucoup moins enjoué.

Lâchant la mèche de cheveux que j'entortillais autour de mon doigt, je fis de gros yeux ronds, alors que les paroles du jeune homme prenait un sens dans ma tête :

« -Mon père a fait quoi ? Tu rigoles là ? Il me l'avait jamais dit ! Ceci dit, ça expliquerait pourquoi il a plu voulu que tu viennes dormir à la maison pendant un moment. Et toi, tu m'as rien dit ! C'est pour ça que tu devenais tout rouge quand mon père était dans la pièce ? Ça en explique des choses ! Même nos parents pensaient qu'on étaient ensemble ! Ça explique aussi les répliques que ma mère m'envoyait parfois en douce! » repris je, tout en éclatant de rire, entendant à nouveau ma mère me parler à demi mot de sexualité, de protection et de responsabilités. Et moi je n'avais jamais rien compris.

Je me mettais finalement à genoux, juste au bord du lit, penchée par dessus l'épaule du jeune homme, pour voir en même temps que lui ce qu'il regardait :

« -Et ça avait des avantages d'être ta fausse petite amie ! Tout d'abord, personne ne venait m'embêter, que ce soit fille ou garçon d'ailleurs. Je crois qu'ils avaient trop peur de ce que tu pourrais leur faire! Faut dire que t'en imposais avec ton physique baraqué. Ceci dit, j'étais beaucoup jalousée, parce qu'on a toujours été très proches tous les deux, et toutes les demoiselles qui te convoitaient, et crois moi il y a eu, m'envoyaient de ces regards noirs. Ah, et pour les quelques filles que j'arrivais à convaincre qu'on étaient pas ensemble, j'ai fait l'espionne. Tu sais, quand je te parlais de mes amies un peu trop souvent, en insistant sur leurs prénoms, ce genre de choses, c'était ma façon de te demander ce que tu pensais d'elles. » dis je d'un ton innocent, me rappelant les fois où je jouais les agents double entrepreneurs auprès de mes amis respectifs.

Je lui fis un large sourire, au moment où le jeune homme se retournait, un livre entre les mains. Je ne mis que quelques petites secondes à reconnaître l'album photo que j'avais offert à mon meilleur ami pour ses dix huit printemps. Je me souvenais encore de la façon dont j'avais mis son père et ses amis les plus proches dans la confidence, pour obtenir les photos qui raconteraient sa vie au mieux. Je souriais lorsqu'il rejoignit le lit, et l'observais se mettre à l'aise, s'adossant contre le mur, avant de m'attirer contre lui, ce qui m'arracha un sourire. Je calais ma tête dans le creux de son épaule, me blottissant contre lui avec bonne humeur, contente de pouvoir retrouver ce contact qui me remonterait le moral à coups sûr.

Finalement, Michael ouvrit l'album photo, alors que nous replongions tous les deux dans nos années lycée, nos fêtes, et notre belle amitié. Il était rare que nous ne soyons pas l'un à côté de l'autre, ou dans les bras de l'autre sur les photos, et cela ne manqua pas de me faire sourire à nouveau. Mettant une main sur le bras qu'il avait posé autour de ma taille, je l'arrêtais alors qu'il allait tourner la page, pointant d'un doigt une photo de groupe, où nous avions tous un verre à la main :

« -Oula ! Je crois, vu nos yeux à tous, que nous n'étions plus très frais sur cette photo !  Je me souviens que tout le monde avait dormi sur place, et le lendemain, les parents de Mike on fait une crise en découvrant l'état de leur maison ! Han, et cette photo , ajoutais en montrant du doigt Michael en tenue de football, une pompomgirl à ses côtés, t'étais tellement bien dessus que j'ai pas pu résister à l'envie de la mettre dans l'album, mais je voulais découper la photo pour virer cette pouf...euh cette fille. Mais elle est tellement collée à toi que c'était impossible. ! » ajoutais je, rapprochant mon visage de la photo, avant de me reculer tout en balançant la tête de droite à gauche, d'un air affligé.

Finalement, Michael vint à bout de l'album et à la dernière photo. Pour finir l'album en beauté, j'avais mis une photo de nous deux lors du bal de promo qu'avait organisé notre lycée, et auquel nous avions été ensemble, lui impeccable dans son smoking qui lui allait à merveille, alors qu'on m'aurait donné le bon dieu sans confession dans ma petite robe noire.

« -Alala, qu'est ce qu'on est beaux quand même tous les deux ! » dis je d'un ton sérieux, même si l'on pouvait entendre au ton de ma voix que je plaisantais.

Une fois l'album refermé, Michael avait annoncé qu'il avait faim, et proposait donc que nous fassions une pause repas, ce que mon estomac gargouillant eu l'air d'apprécier. Me levant du lit en rigolant, je rejoignais la cuisine comme si j'avais été chez moi, avant d'ouvrir le frigo, et de mettre le nez dans celui ci. Détaillant le contenu, je demandais à Michael, sans me retourner vers lui :

« -Des œufs brouillés et du bacon, ça te tente ? » lançais je, tout en sortant déjà les œufs du frigo.

Posant le tout sur le plan de travail, j'ouvrais un premier placard, en sortant un saladier, puis prenais dans le tiroir une fourchette, connaissant l'emplacement de chaque objet comme si je m'étais trouvée chez moi. Cassant les œufs, je commençais à les battre, alors que Michael venait finalement m'aider à terminer ce repas improvisé. Une fois notre dîner terminé, je mis rapidement la table, avant que nous nous installions pour manger, l'un en face de l'autre.

Souriante, je plongeais mes yeux dans les beaux yeux bleus du jeune homme, avant de porter mon verre à mes lèvres, une lueur malicieuse dans le regard :

« -Alors, et si tu m'expliquais ce que toi, Michael Nick Stones, homme de la nuit, fais chez toi, en jogging, un samedi soir de surcroît ? » demandais je, la tête légèrement penchée, lui souriant avec espièglerie.

Attendant sa réponse, j'en profitais pour prendre une fourchetée d’œufs, que j'avalais avec appétit.

Assise en face du jeune homme, je mâchais consciencieusement la bouchée d'oeufs brouillés fraichement préparés, attendant sa réponse à ma question. Lorsqu'il me répondit que tout allait bien, et qu'il n'avait juste pas envie de sortir ce soir, je haussais un sourcil sceptique, et allait répondre qu'il n'allait certainement pas me faire avaler ça, et que je ne le croyais pas. Mais en le voyant descendre son verre de vin blanc d'une traite, je fronçais les sourcils, étonnée au possible, tandis que 1001 scénarios catastrophes se passaient déjà dans mon esprit. Je ne pris cependant pas la parole tout de suite, attendant qu'il le fasse, et qu'il se livre à moi comme il l'avait toujours fait quand il avait un problème, ou juste besoin de parler.

Si bien que lorsqu'il prit la parole pour m'expliquer ce qui lui arrivait en ce moment, je finis par poser ma fourchette, et le regardais simplement parler, me dire ce qui le tracassait, ce qu'il avait sur la conscience. Je fus étonnée qu'il aborde le sujet des femmes, ne pensant pas que le fait qu'il ai un succès considérable auprès de ces demoiselles soit un problème pour lui, mais je le fus encore plus lorsqu'il fut question du message que sa mère lui avait envoyé.

J'avais détesté cette femme dès l'instant où elle avait quitté Michael, sans penser aux conséquences que ça pourrait avoir sur son fils, sans penser au mal qu'elle n'allait pas manquer de lui faire. Et à chaque fois que Michael parlait d'elle, ce qui arrivait peu souvent avouons le, il avait cette petite étincelle de souffrance dans le regard, même s'il lui arrivait rarement de l'exprimer à voix haute, ou de dire qu'elle lui manquait. C'était pour cela aussi, que lors de son anniversaire, ou lors de fêtes familiales comme Noel ou Thanksgiving, je me montrais encore plus présente pour lui que d'habitude.

Quand il eu finit de parler, je glissais ma main vers la sienne, et serrais ses doigts, avant de prendre la parole:

"-Tu as appelé ton père? Il en sait peut être plus que toi, sur le pourquoi du comment, sur sa réapparition soudaine dans ta vie, après toutes ces années. Ou même comment ta mère a eu ton numéro. Même si pour ça, vu que tu es le vice président de la société de ton père, on doit avoir aucun mal à trouver ton numéro dans un annuaire. Tu as répondu à son message?" demandais je, essayant de le consoler comme je le pouvais, même si au vu des dégâts qu'avait fait sa mère, la plupart des choses que je disais pour redonner le sourire à mon ami pouvaient s'avérer inutiles.

Je bus une gorgée de vin, mais ignorais le reste de mon assiette pour l'instant, avant de reprendre:

"-Et pour ce qui est des filles...il faut dire que tu as toujours bénéficié d'un succès considérable. C'est ca quand on est beau et bien foutu, que veux tu! Et puis en plus de ça, si t'ajoute le fait que t'es un type marrant, sympathique et attentionné, c'est dur de pas craquer sur toi, tu sais!" dis je, malicieuse, espérant le faire sourire, et oublier un instant sa mère.

"-Mais je savais pas que ça te dérangeais d'avoir la côte. Enfin, je sais très bien que tu ne veux pas ressembler à ton père, et malgré tout le respect que j'ai pour lui, je ne peux que t'en féliciter, mais tout de même. Si vraiment tu en a marre de ton image de playboy , trouves toi la fille parfaite, celle qui te convient, et entame une relation sérieuse avec elle. Tu n'es pas comme ton père, Michael Nick Stones, et je te botterais les fesses jusqu'à ce que tu entendes raison si un jour tu quitte le droit chemin, tu m'entends!" repris je, tout en arborant un air faussement sévère sur la fin, même si mes yeux trahissaient le fait que je plaisantais.

Je lui adressais un sourire rassurant, tout en serrant une dernière fois ses doigts dans les miens, avant de reprendre ma fourchette, et d'avaler une nouvelle fois une part de ce repas préparé sur le pouce.